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les mémoires de nuxette
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« Pour l’amour de notre famille, que ce secret périsse avec moi. Perdons la queue, soit, mais, à tout prix, sauvons la face ! »

Pauvre, pauvre père, qu’il repose en paix sous la feuille de bardane à l’ombre de laquelle nous l’avons inhumé.

Il ne faut pas s’étonner si, après ce que je viens de raconter, je n’éprouve que de la haine à l’égard de cette maudite engeance qu’est l’humanité. Êtres cruels, sanguinaires, tyrans oppresseurs, bourreaux, tortionnaires, de quelle vile boue êtes-vous donc pétris pour vous complaire ainsi à nous traquer, à nous asservir et à nous massacrer sans quartier. Quel mal vous avons-nous jamais fait ? Comment avons-nous jamais encouru votre ressentiment, mérité vos atrocités ?

Ah ! les humains, ce qu’ils sont inhumains !

En vertu de quelle délégation de pouvoirs de notre auteur commun s’arrogent-ils sur nous droit de vie et de mort ? Nous sommes les aînés sur cette planète, nous sommes plus qu’eux en communion intime avec la nature. Ils se disent les rois de la création, mais leur règne, si tant est qu’il existe, ne procède que de la loi du plus fort. La nature nous avait défini les rapports, les relations des êtres organisés entre eux. Dans son incommensurable orgueil, l’homme a voulu faire mieux que notre mère à tous. Dès son intervention, l’harmonie a cessé d’exister dans le concert universel, l’ordre de la création a été irrémédiablement troublé. Il n’a pas même assez de bonne foi pour convenir qu’il a piteusement échoué et que sa prétendue civilisation n’est qu’un sot travestissement de la grande loi naturelle qui nous régit tous.

Avec sa suffisance hautaine, gonflé, comme une baudruche, de prétentions et de fatuité, il nous conteste l’intelligence dont il s’attribue l’apanage exclusif. À peine daigne-t-il dénommer instinct notre perspicacité dont l’évidence saute aux yeux et qu’il est bien forcé de reconnaître.

À les entendre, la fidélité du chien ne serait qu’abjecte sou-