Page:Massé - Massé… doine, 1930.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
les mémoires de nuxette
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

vre père, contrairement à la prétention des anciens qui assuraient qu’il n’y avait rien d’aussi difficile à écorcher que la queue.

Voilà pourquoi il nous était apparu méconnaissable, avançant à clocheton, avec un moignon de queue grand comme ça.

Maman fut navrée de ce malencontreux accident et, tandis qu’elle dressait de son mieux la blessure, je sortis par une porte dérobée pour aller cueillir du plantin vulnéraire.

L’alerte passée, papa sembla reprendre sa belle humeur et, sans doute pour rentrer ses sanglots qu’il dissimulait mal, il affecta de blaguer.

— « Ah ! ma vieille, disait-il à maman, tu pourras te vanter d’avoir un époux modèle. Il n’y a d’exemple dans l’histoire que l’aventure de Joseph qui préféra abandonner, lui aussi, sa queue… d’habit aux mains de la Putiphar plutôt que de se laisser asservir par une femme !

Un renard, en pareil cas, eut proposé aux autres animaux l’ablation de l’appendice caudal, afin de dissimuler son infirmité sous couleur de fashion. Papa était bien trop fier pour jamais songer à pareil subterfuge.

La suppression de la queue chez la plupart des animaux ne porterait pas à conséquence, tandis que chez nous, il s’agit d’un organe à peu près indispensable. Quelqu’un a dit qu’un écureuil sans panache est une année sans printemps, un printemps sans fleurs.

À combien de multiples usages la queue ne sert-elle pas à l’écureuil ! C’est un anémographe qui nous avertit des variations météorologiques imminentes, c’est une voile que nous déployons contre le vent lorsque nous voulons filer à grande vitesse et faire du quarante à l’heure ; c’est en même temps une hélice et un gouvernail qui font de nous les plus gracieux nageurs, c’est, l’été, un flabellum qui nous garantit des rayons trop ardents du soleil, c’est une étole dont nous nous emmitouflons l’hiver, c’est