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massé… doine

les joues gonflées comme des outres, faisaient un tintamarre à n’y rien comprendre. Ils appellent ça, paraît-il, musique ou harmonie ! Si ça ne vous fait pas suer !

Curieuses comme des femmes, ma mère et moi étions sorties pour nous payer ce spectacle et papa, s’ennuyant, seul au logis, vint bientôt nous rejoindre. En écureuil qui a beaucoup voyagé et beaucoup vu, il nous expliquait les mille et une curiosités qui frappaient notre vue.

— « Vous voyez, nous disait-il, cet enfant aux boucles blondes, couvert d’une toison blanche et qui de sa main caresse un agneau, c’est lui qui mime saint Jean-Baptiste. »

— « Et cet autre », questionnai-je, tendant la patte dans la direction d’un marmot qui lançait des pierres aux oiseaux ? »

— « Celui-ci, répondit mon père qui affectionnait le calembour, celui-ci n’est qu’un petit singe en batiste ! »

Maman ne put s’empêcher de pouffer de rire, ce qui attira vers nous l’attention des gamins.

— « Quiens, des écureux ! » fit l’un de ces sans-pitié.

— « Singulier de pluriel ! » ricana mon incorrigible papa. Comme poussée à bout par ces réflexions ironiques, la marmaille ramassait des pierres à notre intention et nous jugeâmes prudent de déguerpir. Maman et moi prîmes les devants et papa suivit, protégeant notre retraite.

Tapis au fond de la bauge, nous attendions avec anxiété l’arrivée de mon père. Comme il tardait !… Lui serait-il arrivé malheur ?…

Enfin, nous le vîmes déboucher d’un corridor, clopin-clopant, la figure contractée par la douleur. Une pierre, lancée par un des gamins, l’avait atteint au pied gauche et il était tombé à la renverse. Une fillette, profitant de cette chute, l’avait alors saisi par la queue. Le danger lui donnant des forces, le blessé avait fait un effort pour se dégager. Il avait réussi mais, hélas ! la cruelle enfant était restée possesseur du panache de ce pau-