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après le rêve, le réveil

que les colons avaient eux-mêmes faites, soit en les mettant en friches pour la culture, soit en y pratiquant la coupe des arbres propres à la confection de la potasse.

Ils franchissaient un terrain élevé, bien drainé et rocheux d’où ils pouvaient apercevoir la contrée environnante et orienter plus facilement leurs pas. Évidemment, la direction suivie était la bonne. À leur droite se dressait la montagne de Shefford où par ce temps limpide, des sapins abondants faisaient ressortir leur ton clair et précis sur un fond laiteux. Célestin Parent affirmait qu’on n’en pouvait être à plus de cinq ou six milles.

Là-bas, au sud-est, dans le vague lointain, s’estompait à peine la masse confuse du mont Orford, le Sinaï par delà lequel se trouvait la Terre Promise de la liberté. Il était encore bien éloigné le port de salut et pourtant l’homme est ainsi fait que la seule vue du but à atteindre fait tressaillir en lui l’espérance immortelle, incite et aiguillonne ses facultés, décuple ses forces, ranime son courage dont la flamme vacillante allait s’éteindre au souffle glacé de la déception.

Mais en consultant le plan qui guidait leur marche, Roberts constata qu’on approchait d’un endroit critique : Frost Village, quartiers-généraux de la milice, où étaient cantonnés les volontaires du capitaine Knowlton[1]. Il était de suprême importance de s’écarter de ce noyau qui comprenait Frost Village, le centre le plus considérable, Waterloo, qui n’en était alors qu’un démembrement et Knowlton Falls, ci-devant Mock’s Mills et aujourd’hui Warden.

Aussi, dès qu’on aperçut les premières huttes en troncs d’arbres équarris, on s’éloigna vers le nord-est afin d’atteindre Stukely par le nord, région où étaient établis bon nombre de colons canadiens.

  1. Certains documents officiels le font « capitaine », d’autres, « colonel »