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Aussi, il n’y a pas de doute que le chemin le plus direct pour atteindre la ligne 45e eut été de se diriger vers Missisquoi en suivant la Yamaska jusqu’à Farnham puis de gagner Stanbridge et de là Saint-Armand. Mais les alentours de la Baie Missisquoi faisaient l’objet d’une étroite surveillance de la part des milices qui appréhendaient un retour offensif des rebelles de L’Acadie qu’on disait à s’organiser à Swanton et à faire des préparatifs d’incursion.

Il valait mieux côtoyer les seigneuries, suivre les townships en bordure, autant que possible, choisir de préférence les endroits colonisés par des Canadiens avec, pour objectif, Stanstead (on disait Saint-Estède) au lieu de Missisquoi. Si l’on réussissait à atteindre la tête du lac Memphrémagog, il serait possible, dans cette région où le sentiment résolutionniste était si prononcé, de se procurer des embarcations pour aborder aux États-Unis. La température s’était jusque là montrée relativement douce et il n’était guère probable que pour sept ou huit jours, il se formât une glace assez épaisse pour empêcher la traversée du lac en chaloupe.

C’est à cette alternative qu’on se rallia et sans tarder on se mit en route. Une fois en pays ennemi, quand il faudrait laisser la voiture pour prendre le bois, les fugitifs devaient se donner pour des chasseurs. Ils en avaient pris, autant que possible, l’accoutrement. Chaudement vêtus, encore mieux chaussés, ils portaient deux gibecières en bandoulière, une à chaque épaule. Ils se trouvaient ainsi pourvus de provisions de bouche et d’un peu de munitions pour quelques jours.

La prochaine station de l’itinéraire qu’on s’était tracée était Saint-Pie, près des Fourches sur la rivière, car pour éviter Granby contre lequel on était en garde, il fallait contourner le mont Yamaska, quitte à procéder ensuite à distance en suivant la ligne de Milton, Roxton, etc. |

Les chemins étaient défoncés, les roues s’enlisaient dans la glaise