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mauvais persil, maudite grêle

amis d’occasion comme vos compagnons de l’autre soir.

Ceci avait été débité tout d’une haleine et sans donner le temps à Latrime de protester. Il restait tout baba, estomaqué, se demandant même si monsieur le Ministre lui faisait l’honneur de lui monter un bateau. Quand la tirade officielle eut pris fin sans que le Ministre se fût déridé, Latrime balbutia piteusement :

— Mais, monsieur le Ministre, je vous assure que les malandrins qui m’ont dévalisé, l’autre soir, n’étaient pas même des amis d’occasion et…

— …et ce sont eux, je suppose, qui vous ont enlevé de votre domicile pour vous conduire sur la Terrasse à cette heure indue de la nuit.

— Mais, monsieur le Ministre…

— Et cet argent que vous vous êtes laissé enlever, d’où provenait-il ?

— Il était à moi, monsieur le Ministre.

— Ah ! votre gain au jeu sans doute. Un comptable qui passe ses nuits à jouer, c’est du propre.

— Je vous assure, monsieur le Ministre, que cet argent ne provenait nullement du jeu ; ça représentait tout simplement ce que j’avais réussi à économiser sur mon salaire du mois dernier.

— Tiens ! tiens ! vraiment. Ah ! c’est ainsi. Eh bien ! monsieur Omer Latrime, votre escapade ne me surprend plus.