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à vau-le-nordet

contre le banneau dont un essieu se rompit. La conséquence fut que s’épandit sur la chaussée une noire confiture faite de sirop de mélasse et de baies d’anthracite.

Prompts comme l’éclair, les deux charretiers avaient sauté en bas de leur charge et se dirigeaient l’un vers l’autre. Voici exactement comment les choses se sont alors passées :

Bégin et O’Brien (parlant tous deux à la fois) : I am sorry, my dear sir… Je suis fâché, mon cher ami… The fault is all mine… J’aurais dû faire attention…

Puis alternativement :

O’Brien : I should have known better

Bégin : Mais pas du tout, c’est stupide de ma part…

O’Brien : I cannot let you take the blame.

Bégin : Je vous dois des excuses.

O’Brien : I must apologize for acting like an ass.

Bégin : Ai-je été assez gauche, je vous le demande ?

O’Brien : Of course, I will make good your loss.

Bégin : Il ne me reste qu’à vous indemniser.

O’Brien : Here is my address.

Bégin : Voici ma carte.

Les deux hommes échangent de cartes, se donnent une vigoureuse poignée de main, re-