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félix maderleau

critique, c’est entendu, n’est pas infaillible. On a droit d’exiger de lui de la culture, une connaissance sérieuse des règles de l’art, un goût sûr et de la probité. Un critique qui possède ces garanties peut fort bien ne pas se pâmer devant les œuvres soumises à sa censure… Du reste, c’est le droit de chacun, sinon son devoir, de lire un auteur avec tout le sens critique qu’on possède. Pour ma part, je ne demande permission à personne pour engueuler d’apostilles au crayon, dans la marge de son livre, tel auteur dont les idées ou le style ne me reviennent pas. Je m’inscris en faux contre ses affirmations ou bien j’applaudis ses théories, je goûte ou je conspue sa manière suivant mes lumières, c’est-à-dire selon le degré de conscience critique qui m’est départie… Le texte est criblé ou… constellé de chiasmes. Ces gloses éclaireront peut-être, quelque jour, de cette lumière qui jaillit du choc des idées, le jugement de mes petits-fils lisant mon exemplaire. C’est, au surplus, un droit que, chez Garneau, Kirouac ou Langlais, j’ai payé de bel argent… Et pourquoi les critiques s’accorderaient-ils sur la valeur d’un ouvrage ? Les règles de l’art sont-elles si immuables que ça ? Ce que je demande et ce que vous demandez à un artiste, c’est d’intéresser. Si l’auteur plaît, il a réussi ; s’il nous charme, il a fait un chef-d’œuvre. Et nous nous fichons comme de l’an quarante de savoir à quelle école il appartient… Un philosophe a dit