Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
à vau-le-nordet

de se payer une auto, d’avoir pignon sur rue, une maison de campagne, une garçonnière, un cellier bien garni, en plus de faire vivre deux ménages, de soigner des poules… et des grues et enfin de vivre sur un pied de 6 000 $ par année !

Conclusion : treize à la douzaine, ça ne vaut pas la corde à se pendre ni même les quatre fers d’un chien.

Et que ne dit-on pas de ces couteaux de tripière qui patricotent entre le chou et la chèvre et réussissent à se tailler de bons morceaux.

De tous on parle comme de Pilate dans le Credo.

Et vous croyez peut-être que les poètes échappent aux ragots. Comment donc, mais on dit peste et rage de ces gendelettes à qui l’État doit des rentes parce qu’ils se sont avisés de prendre pour génie un amour de rimer. À les croire, Courteline a été trop tendre pour cette « engeance d’automates qui, somnolents, passifs, abrutis par le désœuvrement, marinés dans la routine, journoient en tétant des infectados à deux sous, ne sortant de leur coma que lorsque vient la Sainte-Touche ».

Sous le rapport des mœurs, voici quelques-unes des aménités dont on les accagne : séducteurs, corrupteurs, vieux marcheurs, papelards, attrape-minette, ivrognes à bacchie, noceurs, badouillards, gynécomanes dont les singes rougiraient, lampe-à-mort se cuitant tous les soirs, piliers d’estaminet, de boîtes de nuit, de tripots et de lupanars, gens