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les fonctionnaires

Le Parlement, affirment ces jaloux, est un Hôtel des Invalides pour éclopés, goutteux, gâteux, vieilles badernes, béquillards, neurasthéniques, dopés, avariés, sourds, aveugles, perclus, boiteux, lépreux, paralytiques. J’en passe et des pires.

Ce sont, paraît-il, les êtres les plus suffisants et les plus outrecuidants qui soient, traitant les gens de Turc à More, obséquieux devant leurs supérieurs, suffoquant de morgue et de rogne pour leurs subalternes. Hargneux, grincheux et discourtois pour le public dont ces insolents pète-secs sont les serviteurs. Aussi les appelle-t-on par ironie des fonctionnaires civils.

Sous le rapport de l’honnêteté, on se gêne moins encore. Les fonctionnaires ne sont que des coquins, des filous, des escrocs, des concussionnaires, des faussaires, des griocheurs, des banqueroutiers, des caissiers déficitaires, des simonneurs, des simoniaques, des griveleurs, des tripatouilleurs, des cancres, des chancres rongeurs, des déprédateurs de fonds publics, des manieurs de beurre aux mains graissées, des maîtres chanteurs (M. C.) qui savent faire passer quelque chose du côté de l’épée, des carottiers qui se gardent… une poire pour la soif, etc., etc.

Ce qu’elle en tourne, insinuent ces braves gens, ce qu’elle en tourne une danse furibonde la classique anse du panier pour permettre à un modeste fesse-cahier aux appointements de 200 $ par mois