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le parlement

d’esprit, pour convenir à de frêles et délicates créatures. La main qui tient le fuseau ne saurait porter la masse ; cette blanche main se maculerait au contact de la verge noire ! »

Arène, Boulevard, Gynécée, le Kébécois est bien persuadé que son Parlement est tout cela ; mais il le vénère encore comme un Panthéon où toutes nos gloires nationales ont figuré. Il faut évidemment tenir compte du cadre, de l’ambiance. Comment ne pas voir dans le Parlement un véritable symbole, dans cette cité où la mince couche d’humus qui recouvre le rocher est faite de la poussière de nos héros historiques. Et c’est sans nul doute par respect qu’on n’a pas bougé depuis des siècles et qu’on se tient autour du Parlement dans une attitude sculpturale : Sta, siator, heroes calchas !

De vrai, le Parlement ne serait plus le même s’il sortait de son cadre kébécois. Et pourtant, s’il fallait, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’un incendie détruisit le Palais législatif et qu’il fût question de reconstruire à Montréal, au parc Johanna Mancevitch, par exemple !… Je n’en dis pas davantage tant cette conjecture paraît sacrilège. Vous pouvez être sûrs qu’il y en aurait du chichi et du parlement chez la grande Hallé.

Guette, Montréal, guette qu’on t’en donne des petits couteaux pour les perdre et des parlements pour les brûler. Ça n’est pas de sitôt qu’on oubliera 1849 !