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à vau-le-nordet

pour la régénérescence de la race et il me semble que j’ai dû garder au front un peu de l’auréole qui illuminait Moïse à sa descente du Nébo quand furent promulguées les tables de la loi. J’ai aussi l’impression d’avoir, quelques instants, coudoyé les Hellènes qui, aux heures de détresse nationale et de calamité publique, se réfugiaient à l’Acropole où brûlait le feu cosmique allumé par Orphée, et exoraient Olympia de rédimer la patrie de l’asservissement spartiate !

On a dit que c’est au Parlement que s’exerce le sacerdoce législatif. Or, sacerdoce fait présumer célibat qui, à son tour, — faut être charitable — suppose chasteté. Je ne veux nullement insinuer que le Parlement est homosexuel, mais me borne à constater que nous n’avons pas de législatrices, que le Parlement est un « no woman’s land ». On estime, apparemment, que le fils idiot d’une mère intelligente est plus idoine qu’elle pour légiférer.

Écoutez l’argument péremptoire, sans réplique, qu’apportait au débat sur le vote des femmes, à la dernière session, le fougueux[1] tribun Sam. Demange, député de Kébec-Nord : « Les redoutables fonctions législatives requièrent trop de virilité, d’endurance physique aussi bien que de maturité

  1. Note de l’éditeur : Nous avons rétabli le texte ; dans les premiers cinq mille exemplaires, le typo nous fait dire « fouilleux ».