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à vau-le-nordet

faire dépositaire de l’arche sainte de nos libertés essentielles.

Des farceurs qui, incapables d’émettre des idées, se paient le facile succès de monnayer des mots, ont dit du Parlement que c’est la plus importante industrie de Kébec. Il est certain que le Parlement donne de l’emploi à des milliers de mains, à des centaines de bouches et à quelques têtes. Il recrute une bonne partie de la population urbaine fixe (les fonctionnaires et leurs familles) sans parler de l’apport intermittent des politiciens, des coulissiers et autres pérégrins qui, attirés par cette force centripète qu’on appelle la politique, viennent s’y régénérer à tout le moins une fois l’an.

Certes, le point de vue ne manque pas d’intérêt mais, Dieu merci, ces considérations sordidement utilitaires ne sont pas dignes de retenir l’attention. Le Parlement, c’est mieux qu’un débouché pour notre industrie nationale du papier, c’est autre chose qu’une usine de bills, de chartes et de lettres patentes. La malveillance affirme qu’on y cuisine les volontés des morts selon les caprices gastronomiques des vivants, qu’on y joue des niques aux tribunaux, qu’on y bazarde le domaine public au petit bonheur. Évidemment, la calomnie jamais ne désarme : et plus l’arbre est chargé de fruits et plus il reçoit de pierres.

Au Parlement, qui parle ment, a dit un quelconque cerveau brûlé qui n’a peut-être pas même