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à vau-le-nordet

Vous connaissez la glissoire ? Vous fûtes peut-être de ses habitués avant que le rhumatisme vous reléguât au nombre des spectateurs. Mes sympathies, ô vieux marcheurs… sans raquettes que je vois se rincer l’œil au défilé, tout vibrant d’exubérance, des glisseurs et glisseuses superposés dans les rapides toboganes !

Et vous, glissez, jeunes mortels, et… appuyez !

La semaine, la Terrasse appartient à la Haute-Ville. Les désœuvrés du high life, le monde officiel, la bureaucratie y vont faire les cent pas et plastronner. Les vieux beaux y vont lorgner les tendrons, ânonner les banales fadaises. Les vieilles coquettes y vont exhiber leurs antiquités poudrées et camouflées de chantilly, esquisser leurs mêmes minauderies, rougissant de fard sous les mêmes compliments vieillots et recommençant la manœuvre le lendemain.

Le dimanche, la Terrasse se rend à la Basse Ville. Je veux dire que celle-ci prend celle-là d’assaut. La plèbe de Saint-Sauveur et de Saint-Roch, de Saint-Malo et de Stokane, de Limoilou et du Cap Blanc envahit la Terrasse en formations serrées. Pour ne pas se commettre avec cette tourbe, les patriciens de la Grande Allée, des Glacis et des Remparts baissent pavillon et vont se claquemurer dans leurs tours d’ivoire. Car il n’y a pas que des tours Martello à Kébec !