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La Terrasse


« La Terrasse ! la Terrasse ! » s’écrie avec exultation le voyageur kébécois quand son paquebot contourne l’île d’Orléans ou que le bateau passeur le ramène de Levis.

Toute la joie de se retrouver chez soi tient dans ce cri du cœur. Kebec, en effet, c’est la Terrasse. C’est là que s’est rendue la famille, comme en vigie, pour signaler le vaisseau qui ramène l’absent.

Oui, la Terrasse, c’est Kébec ! Elle n’a pas plus besoin d’une étiquette d’identification qu’il n’y a lieu de situer les Champs Élysées, le Lido, le Prater, le Broadway, la Promenade des Anglais, la Corniche, la Canebière, le Boardwalk et tant d’autres promenades fameuses encadrées d’un panorama grandiose, car, je le répète, il n’y a qu’une seule et unique Terrasse. On la dénomme Terrasse Dufferin dans le bottin, mais il y a belle lurette que le Château Frontenac l’a chipée à notre ancien Gouverneur général. Au surplus, le Château Saint Louis en avait agi avec non moins de sans-gêne avant 1892. D’ailleurs, il n’importe, car il ne saurait y avoir quiproquo : il n’y a pas deux Terrasses dans le monde.

Des anciens persistent à dire la Plate-forme, mais tous les « moins-de-quatre-vingt-dix-ans » trouvent