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à vau-le-nordet

Mais encore une fois, il y en a trop ; la cour est pleine de ce charabia qui a l’air d’incantations sataniques : Kakastinowagamac ! Kabetogoanikum ! Shishishi ! , d’arcanes d’alchimistes : Askogwash ! Kamkitogamau ! Wikewashepouk ! , de formules de sortilèges : Ouiatchouan ! Pecacouasoui ! Obomsawine ! , de maléfices de rose-croix : Watopika, Kuchikokinagog ! ou de mots de passe pour chasse-galerie : Hurricana ! Weymontachingue ! Ashuanipi !

Je m’arrête car j’entends d’ici les typographes et les correcteurs d’épreuves qui demandent grâce. Aussi bien, le lecteur va s’imaginer que je lui monte un bateau. Il n’en est rien, bénévole lecteur, je vous donne ma parole que je prends tous ces noms dans le Dictionnaire officiel de Rouillard.

Et c’est qu’il y a de tout dans cet abominable grimoire. Des questions indiscrètes : Kiskissink ? Koakidiwaten ? Pistuakanis ? Thémis, quoi t’as ? (Réponse : Trois Pistoles). De pressantes sollicitations maternelles auprès du fiston constipé : Kakabonga. D’invraisemblables schibboleths mettant à l’épreuve les langues les mieux entraînées : Kawastakani, Nemecasioui, etc.

Autre considération : qui sait quelles énormités ces canaouas nous mettent ainsi dans la bouche, des jurons épouvantables, des obscénités monstrueuses peut-être ? Il est vrai que le blasphème est l’apanage du civilisé, mais si le latin dans les mots brave l’honnêteté, à quels excès se peuvent