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considérations toponymiques

On dirait que, une fois utilisés les noms des arpenteurs-géomètres officiels, il n’y avait plus rien et qu’il fallût se rabattre sur le baragouin sauvage. C’est à peine si l’on a eu la hardiesse grande de nommer un lac d’après sa conformation, d’où la kyrielle des lacs Longs, lacs Ronds, lacs Carrés, etc. Oui, on a bien raison de dire que nous sommes vocabulairement constipés ! Et, par ailleurs, quel flux de jargon papinachois ou goyoguin !

Pourtant, notre histoire abonde en noms qui feraient tout aussi bien l’affaire et il n’y aurait pas grand mal à perpétuer des mémoires intéressantes.

Si jamais ces messieurs de la Commission de Géographie se collent une méningite, ça ne sera toujours pas pour s’être suggestionné l’imagination outre mesure.

On ne me fera pas croire que nos gens qui souffrirent jadis de cognomisme au point que, dans bien des cas, à en croire Tanguay, le sobriquet a remplacé le nom de famille, soient tombés dans une telle pénurie.

Oh ! je n’entends ostraciser personne et suis prêt à conserver certains noms sauvages que l’usage a consacrés. Respectons les droits des minorités : Caughnawaga aux Caughnawaguiens !

Retenons également les noms de ces sauvages éminents, Donnacona, Ahontsic, Kondiaronk, Pontiac, Tecumseh, Craig, Colborne, etc., qui ont joué un rôle de premier plan dans l’histoire de ce pays.