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à vau-le-nordet

il reste que ces noms sont beaucoup trop rares, les noms sauvages trop nombreux et qu’il faudrait remplacer ces derniers par des substantifs sonnant clair le français. C’est à croire que la Société du Bon Parler Sauvage se montre plus vigilante que notre Ligue de Refrancisation !

On a fait au martyrologe et aux litanies tous les emprunts possibles ; ça n’est plus de la géographie, c’est de l’hagiographie. On a multiplié les mêmes vocables ad nauseam : Sainte-Anne-de-Beaupré, Sainte-Anne-de-Bellevue, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Sainte-Anne-des-Plaines, Sainte-Anne-des-Monts, Sainte-Anne-de-Stukely, Sainte-Anne-de-Sorel, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, etc. Il en est de même de Saint-Joseph, Saint-Pierre, Saint-François, etc. C’est pénible à dire, mais les saints traînent les chemins !

Si j’avais droit au chapitre, je proposerais au curé de Corbeil, Ontario, patrie des Quintuplettes, — ou faut-il dire « Cinq-qui-tètent » — de rebaptiser sa paroisse « Cinq-Dionne-en-Corbeil ».

Et cette manie est tellement dans la tradition que, une fois le calendrier épuisé, on s’est mis en frais de canoniser des vocables anglo-saxons et, partant, hérétiques : Sainte-Folle (Stanfold), Saint-Morrissette (Somerset), Sainte-Briche (Stanbridge), Saint-Onème (Stoneham), Sainte-Estède (Stanstead), Sainte-Naupe (Stanhope), Sainte-Borne (Sanborn), Sainte-Hébé (Sandy Bay), etc.

Boileau qui s’étonnait qu’un auteur choisît