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l’état-mine !
Ce peuple-là est-il disposé à entendre la doctrine chrétienne ?… Quant aux mines, il y en a vraiment, mais il les faut fouiller avec industrie, labeur et patience. La plus belle mine que je sache c’est du blé ou du vin avec la nourriture du bétail. Qui a ceci, il a de l’argent… ( Lescarbot.)

Cet esprit de lucre est très humain et il n’y a pas, j’en conviens, de quoi se formaliser. Mais ce contre quoi je m’insurge véhémentement, c’est qu’on prenne dans l’histoire des attitudes officielles de petits saints de bois sur une pelle, qu’on se grimpe sur un piédestal avec des poses de gens désintéressés et détachés des biens de ce monde alors qu’on ne valait pas mieux que nous. Laissez-moi fustiger un peu ces pharisiens et ces charlatans. Je n’ai rien à redire à leurs mines d’or, mais j’en veux à leurs mines de chats fourrés. Messieurs François Premier, Charles Quint, Guillaume d’Orange et tutti quanti, vous me faites suer royalement.

Qu’il s’agît d’or, de morue, de ginseng, de fourrures ou d’eau-de-vie, ils étaient un peu là, ces bons aïeux, et, pour répéter un brocart qui circula sous le manteau, ils étaient plus empressés à la conversion du castor qu’à celle des sauvages. Il faut lire les deux mémoires de Ruette d’Auteuil (1715 et 1719) si l’on veut s’édifier sur la grivèlerie en honneur sous l’ancien régime.

Mais je suis à me demander — je veux faire valoir toutes les circonstances atténuantes — si les gouverneurs et les intendants, d’ailleurs bien ani-