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à vau-le-nordet

reculée ! Si fait, elle a tellement marché qu’elle a désappris à nager…

J’ai de prestigieuses relations dans le monde ancien : je tutoie (c’est reçu entre Grecs et Latins) Euclide, Xénophon. Thucydide, Juvénal, etc., mais je n’ai pas encore lié connaissance avec des contemporains comme Anatole France, George-Bernard Shaw, Tolstoï ou même de proches voisins comme Elbert Hubbard ou Goldwin Smith.

Je sais par cœur tous les cantiques du « Trésor de l’Enfance » mais, l’autre soir, comme on chantait en chœur le « God save the King » sur l’Esplanade, j’ai dû me contenter de vocaliser les strophes.

Je sais également mes prières en français et en latin, mais je suis toujours en peine de m’exprimer quand je m’adresse au bon Dieu sans répéter les mêmes formules, réciter les vieux clichés.

J’ai fait de la prosodie latine et puis vous débiter mot à mot l’Art poétique d’Horace, mais je ne puis dire cinq vers de Hugo, de Lamartine ou de Rostand. Par ma prose tu peux juger ce que seraient mes vers si j’avais le culot d’en pondre.

J’ai obtenu, au collège, un premier prix de botanique, mais j’ignore l’espèce et le nom de nos fleurs les plus communes. Je sais parfaitement que le sumac vénéneux (rhus toxicodendron, Linn.) est une plante de la famille des anacardiacées, mais il