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coquilles

Le lecteur comprendra qu’il s’agit d’un i grec, compatriote de Pan, et qui revanche ce dernier — timeo Danaos ! — en se dissimulant sous les plumes du g.

Encore une fois, personne ne prend la coquille au sérieux. Aussi, si un fait divers de votre gazette affirme qu’un étudiant qui se promenait sur la Terrasse a vu sa culotte emportée par le nordet jusque dans la petite rue Champlain, contentez-vous de rire de pareille mésaventure, mais n’en croyez pas un mot.

Si la coquille a son habitat dans les journaux, ce n’est pas à dire que les livres en soient exempts. Le roman surtout, le roman populaire en particulier, ne manque pas de « chenille ouvrière », « âpre à la purée », « pauvre tête de pinote », « elle portait une jolie bourrure », « flatteries bananes », « on apercevait au loin un bosquet merdoyant », etc.

Comment voulez-vous qu’il n’en soit pas ainsi quand la coquille se glisse jusque dans nos manuels scolaires. Tel précis d’histoire appelle Bismarck le chandelier de fer ou rapporte les hauts faits d’armes de Napoléon et de sa vieille garce. Le contexte démontre qu’il ne peut s’agir de Marie-Louise ! Telle édition de Verniolles fait dire à Fontenelle que le veau unicorne finit par ennuyer.

Enfin, me permettra-t-on de citer deux perles que je trouve enfouies dans le Trésor des Âmes