Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
coquilles

D’un homme de bien, on fait un homme de rien, de héros des zéros. Mat devient rat ou bat ; vache, hache, cache ou tache s’emploient indifféremment, de même que bouche, mouche, touche, souche, louche, couche ou douche. Regard se change en retard et groupe en troupe ou croupe. On annonce que X. qui a été gravement salade ou balade commence à se laver et à prendre quelque pourriture. On apprend que l’Honorable Sinistre de la Malice et de la Dépense a parlé d’augmenter les crédits de la narine du gouvernement en vue d’assurer la sucrématie de l’umpire.

Ailleurs, c’est une lettre placée à l’envers ou tête-bêche alors, par exemple, que « n » devient « u » et que « d » se change en « p » ; la jeune fille paraissait lasse et morue ; elle semblait calme et dosée.

Parfois, tout un mot est supprimé, v. g. : il faut le fer tandis qu’il est chaud. D’autres fois, c’est une lettre en trop : il a trouvé la plie au nid ; la craque sent toujours le hareng.

Ces mauvais plaisants ne se font pas faute, cela va de soi, de dénaturer le sens de toute une phrase : ainsi, le sucre d’érable n’a pas la même saveur que le sucre d’étable et l’arome des forêts est autrement doux à humer que celui des gorêts !

La coquille résulte quelquefois d’une interversion de lettres. Du dernier ouvrage d’un auteur, elle dira que c’est le chant du cynge ; un journal