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Disait :
Disait : — Enfant, puisque tu ne veux plus reprendre
Le chemin du pays, si tu veux bien m’entendre,
Tu resteras ici ; tu me remplaceras
Plus tard comme mon fils, et, vaillant, tu sauras
Conduire la maison sur des routes prospères
Que borde l’abondance et que la joie éclaire.

Mais Pierre hochait la tête et ne répondait pas.

Or, un jour, se sentant la force dans les bras
Et le corps plus solide, encor que son visage
Eût gardé dans ses plis les traces de l’orage
Qui l’avait fait vieillir en ce fatal moment,
Il s’en vint à son oncle et lui dit uniment :

— Ma vie est revenue et non pas l’espérance,
Et si mes bras sont forts, mon cœur a sa souffrance.
Je veux partir d’ici. Il le faut, je le sens ;
Et puisque au Canada l’on veut des bras puissants
J’irai offrir les miens. Ma volonté est ferme,
Ne me retenez pas au seuil de cette ferme
où dans votre bonté vous m’attachiez à vous.
Non, ce n’est pas ici, mais, là-bas, tout au bout,
Qu’il faut chercher l’oubli si je le trouve encore
Pour éteindre en moi-même un feu qui me dévore.
Et l’oncle sachant bien qu’il ne pourrait fléchir
Telle volonté dit :
Telle volonté dit :— Oui, va te rafraîchir


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