Où se mêlent les toits rubiconds des hameaux.
Les filles de la ferme et les garçons rustauds
Conversent en gaîté dévorant leurs tartines.
— Il paraît toujours morose, dit Katheline,
Le neveu du fermier, et rien ne le distrait
De sa mélancolie.
— Oui, dit une autre, on sait
D’où lui vient son chagrin : il a le cœur malade.
Oh ! le pauvre garçon !
Katheline maussade
Reprit :
— C’est vrai, il ne nous regarde jamais.
— Et l’on sait, dit un gars jaloux, que tu te mets
À lui faire l’œil doux.
— Et pourquoi pas ? Ma mère
M’a bien dit que les rois épousaient des bergères,
Et neveu de fermier ce n’est pas fils de roi !
De son naïf aveu, Katheline, en émoi
Rougit, elle baissa le front suivant son rêve.
— Eh ! oui, il se pourrait que son désir s’achève,
Dit le grand Josse, on a déjà vu mieux encor.
Quoi d’étonnant d’ailleurs ? Lorsqu’un amour est mort
Il renaît dans un autre ; et nous qui fauchons l’herbe
Nous voyons refleurir, l’an suivant, d’autres gerbes.