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Comme si elle fût Madone de pitié
Dont on baise en pleurant le marbre froid des pieds.
Et le meunier debout serrait des dents sa pipe
Et ses lèvres tremblaient.
Et ses lèvres tremblaient.Comme le vent dissipe
Les nuages tendus dans le ciel ténébreux,
De même cette voix pleine de cris affreux
Faisait s’évanouir toute la résistance
De Nadine. Elle vit l’ombre de sa souffrance
Dans celle de la mère et son cœur fut vaincu.

— Femme, ne pleurez plus : mon bonheur a vécu,
Lui dit-elle, et sa main, comme un geste de glaive,
Semblait accompagner l’envol de tous ses rêves.
Ne pleurez plus, j’accomplirai votre désir.
De la mère ou de moi, c’est moi qui dois mourir…
Et puis elle ajouta : Pourvu que cette faute
Ne vous amène pas le malheur comme un hôte !

— Alors, c’est donc vrai ! dit la vieille, il reviendra :
Nous entendrons son pas ! sa voix nous parlera !
Quelle douceur de vivre !… Ah ! que vous êtes bonne
Je le savais, c’est vous la bonté qui pardonne !
Et lui disant ces mots elle prenait la main
De Nadine tremblante et sur son front serein
Déposait un baiser fou de reconnaissance.

Entretemps le meunier allait prendre en silence



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