Et des bris de mon cœur renaîtra votre joie.
Je serai celle qu’on écrase et que l’on broie
Sous les chars du mépris ; je serai désormais
Pour Pierre de la boue, et jamais, oh ! jamais,
Mon regard n’osera monter à la lumière
De ses yeux bien-aimés !
— Pitié ! dit la meunière.
C’est mon enfant, vois-tu, j’ai bercé son sommeil
Caressé ses cheveux, bu son rire vermeil
Quand il mêlait sa vie aux fleurs de son aurore.
Regarde, maintenant, le chagrin me dévore ;
Dans leur orbe de braise, à force de pleurer,
Mes yeux sont enfouis, mornes, décolorés
— Avez-vous eu pitié de moi, reprit Nadine ?
Croyez-vous qu’un rayon dans ma nuit s’illumine
Et que moins que vos yeux les miens se soient taris ?
Ah ! les voix de mon cœur ont saigné en longs cris
Et n’ont pas eu d’écho à vos sourdes oreilles
Plus sourdes que le roc ! Vous me voyez pareille
Aux feuilles du chemin qui, dans le souvenir
Des radieux étés parfumés de zéphirs
Attendent pour mourir le passant ou la roue
Et c’est vous qui voulez m’enfoncer dans la boue !
— Tu pleures maintenant, riposta le meunier ;
Mais Nadine, crois-moi, on met vite au grenier
Ses chagrins à ton âge et larmes de jeunesse,
Que la nuit se dissipe et que l’aube renaisse,