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Devant le grand fourneau où les bûches ronflaient
Et projetaient sur elle un éclatant reflet,
Pour le repas du soir elle attisait la flamme.

La porte alors s’ouvrit, le meunier entra.
La porte alors s’ouvrit, le meunier entra.— Femme,
Dit-il, il tarde bien le fils !
Dit-il, il tarde bien le fils ! — Quoi d’étonnant,
Répondit-elle, il faut qu’il ouvre un œil prudent
Par ces chemins de neige.
Dit-il, il tarde bien le fils ! — À moins que, reprit l’homme,
À rire ou bavarder son temps ne se consomme
Auprès de cette fille… Il est temps d’en finir !

— Crois-tu donc qu’il voudrait refuser d’obéir ?
Pourrait-il reculer devant cette fortune
Qui lui tombe du ciel ? Elle n’est pas commune
Cette chance qu’il a ! Il n’hésitera pas.

— Je voudrais voir, dit le meunier, qu’il nous trompât !
J’ai trimé chaque jour ; j’ai mis chez le notaire
De beaux écus sonnants, et pour mon héritière
J’aurais cette Nadine, une fille de rien !
Au diable je préfère abandonner mon bien !
Tandis que l’autre au moins, vraiment, c’est une femme.
Elle fut au couvent à la ville ; et sait, dame,
Le piano ! elle chante, ah ! quelle voix ! et puis
Elle vous tient un compte, ah ! mieux que je ne puis !



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