Entasse ses toisons.
— Non, dit la jeune fille,
Vous êtes trop gourmand. Je n’ai qu’une faucille ;
Elle me suffira, si vous le voulez bien
À couper un pied d’herbe, et pour vous, ce n’est rien,
Il m’en faudra si peu pour la pauvre Suzanne !
— Pourquoi, dit le meunier, rester en sa cabane ?
Ne pourrait-elle donc dans mon champ travailler ?
Serait-elle malade ? Ou ses bras sont rouillés ?
Faudrait-il maintenant que j’aille en chaque chaume
Secouer dans leur lit les paresses qui chôment ?
— Non pas, mais un garçon lui est tombé du ciel ;
C’est le sixième. Alors, il est tout naturel
Qu’elle reste au logis… Et sa chèvre plaintive
Bêlait à fendre l’âme en l’étable captive.
N’avez-vous pas de quoi fleurir le râtelier ?
— Brave cœur ! dit Martin, prenez, coupez, taillez,
Tout mon champ est à vous. Comme vous êtes bonne !
Et songeant en lui-même il se disait : Personne
Ne saignerait au cœur si tous étaient ainsi.
Nadine en souriant dit au fermier : Merci !
Puis elle se mêla aux travailleurs rustiques.
Courbée, elle tranchait d’un mouvement rythmique