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La Tielle mugit, débordant. Votre tante inquiète
Par cette nuit d’orage allait se mettre en quête
Quand, me voyant passer, elle me demanda
De venir vous chercher. Il faut être soldat
Pour affronter les bruits qui glapissent dans l’ombre ;
on pourrait s’égarer tant la campagne est sombre.
Si vous le voulez bien, je vous reconduirai
Jusqu’à votre maison par le sentier des prés.

— Volontiers, dit Nadine, approchant une chaise
De l’âtre. Chauffez-vous, lèvent rougit la braise ;
Je vous suis à l’instant.
________________Pierre assis à l’écart
Tournait le dos au feu. Il suivait du regard
Les gestes de bonté que l’humble jeune fille
Autour d’elle semait comme des fleurs de vie.
Elle arrangeait le lit, disposait l’oreiller,
Marchait à petits pas pour ne pas éveiller
La malade assoupie à l’ombre de ses rêves
Et, dans la paix sereine, on entendait sans trêve,
Le balancier de plomb qui allait et venait
Et le crépitement du bois sur le chenet.
Laissant couler son rêve en onde cristalline,
Pierre ne se lassait de regarder Nadine.

Depuis longtemps déjà il aimait cette enfant
Douce comme l’aurore et l’haleine des vents ;



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