Et c’est son cœur qui brûle, et c’est lui que l’on perce.
Elle voit sa maison que la flamme disperse
En étincelles d’or qui meurent dans la nuit
Et des fracas de murs s’écroulent avec bruit.
« Où vais-je maintenant dormir ? Où ? » songe-t-elle.
Et près d’elle, dans l’ombre, une voix qui l’appelle
Dit :
— Nadine, veux-tu partager ma maison
C’était le Sécheret. Nadine eut un frisson
Mais son cœur disait : « Je mourrai plutôt ! »
Les flammes
Cependant ont dressé plus sanglantes leurs lames ;
La clarté s’élargit, aurore de rubis,
Eclairant tout autour au milieu de débris
Les gestes empressés et les rudes visages
Des vaillants paysans. Inutile est l’ouvrage ;
C’est fini ! À quoi bon les efforts ? En fracas
Tout vient de s’effondrer ; il ne reste qu’un tas
De décombres sans nom où flottent des fumées.
Nadine, l’œil hagard, en un rêve abîmée,
Regarde fixement le désastre, et ce trou,
Et ces yeux d’escarboucle ; et il lui semble doux
D’être aussi dans la nuit comme ces pauvres choses
Qui sont là en poussière et qui, cendres, reposent
Sous des murs écroulés… Pouvoir toujours dormir !
Dans quel nid maintenant ? Un sommeil de mourir
Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/113
Cette page a été validée par deux contributeurs.