Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que je lui ai menti ! Il me croira parjure !
Car s’il s’en est allé c’est pour cette blessure
Que je fis à son cœur. Et la cause ? C’est moi !
Oh ! c’est affreux ! Pourquoi ai-je obéi ? pourquoi ?

Et ses pensers sombraient dans des gouffres horribles
Dont elle descendait les degrés impassibles.
Tout était donc fini ! Ah ! si elle avait pu
Pousser un cri farouche, un cri rauque, éperdu
Que les vents de tempête eussent pris sous leur aile
Pour franchir avec lui les barrières cruelles
Des océans lointains, et qu’il fut entendu !
Une voix bien-aimée y aurait répondu.
Mais les vents se taisaient comme des fils de l’ombre
Et Nadine voyait le naufrage où tout sombre
De son cœur sans espoir. Ainsi, toujours, toujours,
Aujourd’hui et demain, elle suivrait le cours
Du fleuve ténébreux où sa barque muette
Descendrait vers la mort, comme vers une fête
Aux couronnes d’oubli.
Aux couronnes d’oubli.Elle essuya ses yeux
Et revint au logis. Assise au coin du feu
Frileusement, sa tante écoutait passer l’heure,
Et le silence morne emplissait la demeure.
L’automne pluvieux avait été mauvais
Pour cette pauvre femme et la toux soulevait
En sursauts douloureux sa poitrine fluette
Et le docteur mandé avait hoché la tête

101