Retiennent à leur seuil les canaux endormis.
Ils amenaient chacun le malheur pour ami
Et la quittaient versant une goutte nouvelle
D’amertume et de deuil. Et Nadine autour d’elle
Ne voyait que la nuit. Tout est sacrifié !
Maintenant elle songe où se réfugier
Quand Pierre reviendra, car elle a fait promesse
De ne plus le revoir. Elle a moins de tristesse,
Semble-t-il, à le fuir ; mais qu’il puisse penser
Qu’elle a pu le trahir, pour mourir c’est assez !
Elle attendait ainsi conservant dans son être
Le souvenir de Pierre ; elle faisait renaître
Le passé si lointain où ils se murmuraient
Des tendresses d’aurore, où leurs doigts se serraient
Pour enlacer leurs cœurs, où leurs routes unies
Descendaient en chantant les rives infinies
Des espoirs aux flots d’or. Et les voix du matin
La berçaient dans leurs bras au chant de leur refrain
Et la rafraîchissaient comme une brise fraîche
Sur les herbes des champs que les soleils dessèchent.
Un dimanche matin qu’octobre avait vêtu
De ses pâles rayons les taillis dévêtus,
Nadine se rendit à la chapelle où Pierre
Lui avait sangloté la parole dernière.
Douce était aux vallons l’haleine des coteaux
Que de mornes rameaux couvraient de leur réseau ;