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les caresses par lesquelles il auroit dû exciter la confiance dans l’ame de sa jeune famille.

Pour remplir les devoirs de la vie, et être en état de suivre avec vigueur les différentes fonctions qui forment le caractère moral, un maître et une maîtresse de maison, ne doivent pas continuer à s’aimer avec passion. Je veux dire qu’ils ne doivent pas se livrer à ces émotions qui troublent l’ordre de la société, et absorbent des facultés qu’on auroit dû employer autrement. L’ame qui n’a jamais été remplie par un objet, manque de vigueur. Elle est foible, si elle peut rester long-tems dans cet état d’apathie.

Une éducation prise à contre-sens, une ame étroite et sans culture, et beaucoup de préjugés sexuels, tendent à rendre les Femmes plus constantes que les hommes ; mais je ne veux pas, pour le présent, m’occuper davantage de cette branche de mon sujet. J’irai plus loin et j’avancerai, sans croire proposer un paradoxe, qu’un mariage malheureux, tourne souvent à l’avantage d’une famille, et que la Femme négligée, est, en général, la meilleure mère. C’est ce qui