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que ceux qui la jugent ainsi, sont seulement les êtres qui n’ont pas assez de bon-sens pour substituer la tendresse calme de l’amitié, la confiance de l’estime, à l’admiration aveugle et aux émotions sensuelles de l’amour.

Tel est le cours infaillible des choses. — L’indifférence ou l’amitié succède nécessairement à l’amour. — Et cette disposition semble être parfaitement en harmonie avec le système de gouvernement établi dans le monde moral. Les passions sont des ressorts qui poussent à agir, et ouvrent l’ame ; mais elles se rabaissent à la qualité de purs appétits, et deviennent une satisfaction personnelle et momentannée, quand elles ont atteint leur but, et que l’ame satisfaite s’arrête à la jouissance. L’homme qui a déployé quelque vertu, tandis qu’il combattoit pour une couronne, n’est souvent devenu qu’un tyran voluptueux après avoir réussi à la mettre sur sa tête ; de même, quand l’amant n’est point identifié avec l’époux, l’insensé en proie à des caprices enfantins, et à de ridicules jalousies, néglige les devoirs sérieux de la vie, pour prodiguer à un vieil enfant, sa Femme,

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