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je me contenterai d’observer qu’il m’est impossible de découvrir pourquoi ces dernières, à moins que l’immortalité ne soit pas leur partage, devroient être toujours dégradées, en ne servant qu’à l’amour, ou à quelque chose de moins honête encore.

Parler avec peu de respect de l’amour est, je le sais, un crime de haute trahison contre le sentiment et la belle sensibilité à la mode ; mais il est plus question ici de tenir le simple langage de la vérité et de s’adresser à la tête qu’au cœur. Essayer, par des raisonnemens, de bannir l’amour de ce monde, ce serait vouloir bannir Dom-Quichotte du roman de Cervantes, et pécher contre le sens commun autant que le chevalier de la Triste-figure ; mais essayer de réprimer cette passion tumultueuse, et prouver qu’il ne faut pas lui laisser détrôner des qualités supérieures, ou usurper dans notre ame le sceptre que l’intelligence doit toujours y tenir d’une manière tranquille et impartiale, paroîtra sans doute moins choquant.

La jeunesse est la saison de l’amour dans