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et les Femmes acquièrent des manières avant des mœurs, et une sorte de connoissance du train de la vie avant l’idée réfléchie ou le sentiment de sa grande et auguste destination. La conséquence est simple. Contens des facultés ordinaires que donne la nature, s’y bornant, ces êtres imparfaits deviennent la proie des préjugés, et prenant toutes leurs opinions sur parole, se soumettent aveuglément à l’usage ; de sorte que, s’il leur reste quelque sens, c’est uniquement une sorte de coup-dœil d’instinct, qui saisit les proportions, les formes élégantes, et décide sur les belles manières ; mais ne sauroit creuser et arriver jusqu’au tuf ou se rendre compte du pourquoi d’une chose en la soumettant à l’analyse au moyen du raisonnement.

Ne pourroit-on pas appliquer la même remarque aux Femmes ? on pourroit même pousser plus loin cet argument, et dire que les militaires et les Femmes sont également tirés de la place avantageuse qu’ils rempliroient dans la société, sans les distinctions contre nature, établies par la civilisation. Les richesses et les honneurs