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J’ajouterai, pour prévenir toute méprise, que je ne crois pas que l’éducation particulière puisse produire toutes les merveilles qui lui sont attribuées par des écrivains trop confians. Il faut élever les hommes et les Femmes en grande partie dans les opinions et les mœurs de la société dans laquelle ils vivent. Dans tous les âges, il a existé un courant d’opinions populaires qui n’a jamais manqué de tout entraîner, devant lui, et de donner à toutes les années d’un siècle un air de famille. Il me suffit néanmoins, pour prouver ma thèse actuelle, que quelque soit l’influence des circonstances sur les talens, tout individu puisse devenir vertueux par l’exercice de sa propre raison ; car n’y eut-il qu’un être qui eut été créé avec des inclinations vicieuses, et fut positivement méchant, l’argument contre la providence auroit toute sa force. Qu’est-ce qui pourroit alors nous sauver de l’athéisme ? Ou si nous adorons un Dieu, pouvons-nous faire de ce Dieu le principe du mal ?

En conséquence, l’éducation la plus parfaite à mon avis, consiste dans l’exercice de l’intelligence le mieux calculé pour for-