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de la tyrannie de l’homme et en cherchant à l’excuser, que les deux sexes, dans leurs efforts pour acquérir la vertu, devoient tendre à se former à cet égard un caractère très-différent : disons-le nettement ; on ne reconnoît point aux femmes une force d’ame suffisante pour arriver à ce qui mériteroit réellement le nom de vertu. Cependant, il sembleroit qu’en leur donnant une ame aussi parfaite qu’à l’homme, la providence n’a voulu établir qu’un seul chemin pour conduire l’espèce humaine, soit à la vertu, soit au bonheur qui en résulte.

Si donc les Femmes ne sont point un essaim de mouches brillantes, de papillons éphémères, pourquoi les retenir dans l’ignorance sous le nom spécieux d’innocence ? Les hommes se plaignent, et avec raison, des folies et des caprices de notre sexe, mais ils se gardent bien d’employer la verge de la satyre contre nos passions violentes et nos vices dégradans. — Vous voyez, répondrai-je, l’effet naturel de notre ignorance ! L’ame qui ne sait s’appuyer que sur des préjugés, sera dans une instabilité perpétuelle ; et le courant s’élancera avec une furie des-