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le trône et l’autel, jaloux l’un de l’autre, ne purent long-tems demeurer en paix ; d’ailleurs ils cherchent par gout à envahir ; il en résulta donc des guerres étrangères et des insurrections intestines. Dans ce tumulte, les peuples acquirent quelque pouvoir, qui força ceux qui les gouvernoient de masquer l’oppression par une apparence de justice. C’est ainsi que les guerres, l’agriculture, le commerce et les lettres aggrandissant l’esprit, les despotes sont contraints de s’assurer par une corruption secrette, du pouvoir qu’ils avoient d’abord usurpé à force ouverte[1].

Cette gangrène qui mine sourdement le corps politique, n’a pas de plus sûrs, de plus prompts moyens de se répandre que le luxe et la superstition, fomentés par l’envie de dominer les autres. L’indolente poupée d’une cour devient d’abord un monstre fastueux ou un épicurien blazé ; puis il se fait de la contagion même que répan-

  1. Les hommes à talens sèment des vérités qui germent et contribuent à former l’opinion. Quand cette opinion publique vient à prévaloir par les développemens de la raison, la chûte du pouvoir arbitraire n’est pas éloignée.