Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/554

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(510)

maine, et dont résulte le bonheur général.

D’ailleurs, différentes sont les routes du pouvoir ou de la rénommée où les hommes s’engagent par choix ou par hazard, et quoiqu’ils luttent l’un contre l’autre ; car il est bien rare que des hommes de la même profession, soient amis ; il y a un bien plus grand nombre de leurs semblables, avec lesquels ils ne s’entrechoquent jamais. Les Femmes sont dans une situation toute différentes les unes à l’égard des autres ; — car elles sont toutes rivales.

Avant le mariage, leur grande affaire c’est de plaire aux hommes, et depuis, à quelques exceptions près, elles suivent les mêmes erremens, avec toute la persévérance et toute l’opiniâtreté de l’instinct. Les Femmes les plus vertueuses n’oublient pas leur sexe en compagnie, et cherchent sans cesse les moyens de se rendre agréables. Une belle Femme et un bel esprit paroissent également jaloux d’attirer l’attention sur eux, et l’animosité des esprits contemporains a passé en proverbe.

Est-il donc surprenant que lorsque la seule ambition d’une Femme est la beauté, et que l’intérêt donne une nouvelle force à la