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tion, il lui permettoit de lire des romans, et, pour justifier sa conduite, il disoit que si elle trouvoit jamais du goût à les lire, il auroit du moins quelque fond sur lequel il pourroit travailler, et que des opinions erronées valoient mieux que point du tout.

En effet, l’esprit des Femmes a été si fort négligé, que pour beaucoup c’est une nécessité d’aller chercher des connoissances dans ces sources fangeuses, jusqu’à ce que ces lectures mêmes apprennent aux Femmes qui ont des talens supérieurs, à les mépriser.

Le meilleur moyen, je crois, de corriger le goût des romans, est de les tourner en ridicule, non indistinctement, car ce seroit manquer le but ; mais si une personne judicieuse, avec quelque talent pour la plaisanterie, vouloit prendre la peine d’en lire quelques-uns à une jeune personne, et de faire sentir par des ton et des comparaisons convenables avec les incidens pathétiques et les caractères héroïques de l’histoire, quelle sotte et ridicule charge de la nature humaine les romans leur présentent, il ne seroit pas difficile de