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les ouvrages qui exercent l’esprit et règlent l’imagination. — J’aimerois encore mieux laisser carte blanche pour les lectures, parce que l’esprit peut recevoir quelque développement et acquérir quelque dégré de force par un léger effort de ses facultés pensantes. D’ailleurs, les productions qui ne s’adressent qu’à l’imagination, élèvent le lecteur un peu au-dessus de ces satisfactions grossières des sens qui n’ont par reçu de l’ame au moins quelque ombre de délicatesse.

Cette observation est le résultat de l’expérience ; car j’ai connu plusieurs Femmes de distinction, et une en particulier qui étoit une très-bonne Femme, du moins autant qu’on peut l’être avec un esprit aussi borné, qui veilloit avec soin à ce que ses trois filles ne lussent jamais de romans. Comme elle avoit une grande fortune, elle leur avoit donné beaucoup de maîtres pour les accompagner, et une espèce de gouvernante pour surveiller tous leurs pas. Ces maîtres leur apprenoient à nommer en françois et en italien une table, une chaise. Mais comme le peu de livres laissés entre leurs mains, étoient beaucoup au-