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mour, rafinent sur les émotions des sens, et adoptent sur cette passion des notions métaphysiques qui les mènent à négliger honteusement les devoirs ordinaires de la vie ; et il n’arrive que trop souvent qu’au milieu de ces sublimes rafinemens, elles finissent par se précipiter dans le vice.

Ce sont ces Femmes qui s’amusent des rêveries de ces absurdes romanciers, lesquels n’ayant aucune connoissance du cœur humain, réchauffent des contes surannés, et décrivent des scènes voluptueuses, déguisées en jargon sentimental, jargon qui tend également à corrompre le goût, et à éloigner le cœur des devoirs journaliers. Je ne parle par de l’intelligence, parce que n’ayant jamais été exercée, son énergie reste assoupie, inactive, comme les particules insensibles de feu qui sont supposées répandues dans l’universalité de la matière.

Il n’est pas étonnant, en effet, que des Femmes à qui l’on refuse tous les droits politiques, et à qui on ne laisse pas même, comme épouse, une existence civile, excepté dans les cas criminels, détournent leur attention des intérêts de toute la com-