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punir, paroît si contraire à ce que les ouvrages de la création et notre propre raison nous apprennent de la nature de Dieu, que je croirois plutôt à l’indifférence absolue de la Divinité sur la conduite des hommes, qu’à des punitions infligées sans avoir pour motif le projet bienfaisant de nous corriger.

La seule supposition qu’un être tout-puissant, d’une sagesse infinie, aussi bon que grand, forme une créature douée de prévoyance, pour qu’au bout de cinquante ou soixante ans d’une existence orageuse, elle soit plongée dans un abîme de maux qui n’auront jamais de fin, — c’est un horrible plasphême.

Je sais qu’un grand nombre de dévots se piquent de se soumettre aveuglément à la volonté de Dieu, comme à un sceptre, à une verge arbitraire, par le même principe que les Indiens honorent le diable : en d’autres mots, comme font les hommes dans les intérêts ordinaires de la vie : ils rendent des hommages au pouvoir, et se courbent sous le pied qui peut les écraser. Au contraire, la religion raisonnable est une soumission à la volonté d’un être d’une