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Il est impossible même pour l’homme en faveur de qui se réunissent les circonstances les plus favorables, d’acquérir assez de lumières et de forces d’ame, pour remplir dignement les devoirs d’un roi revêtu d’une autorité sans bornes. Combien donc ne les violera-t-il pas ces devoirs, celui que l’élévation de son rang ne sert qu’à mettre hors de la portée de la vertu ou de la sagesse ; celui dans qui toutes les affections humaines sont corrompues par l’adulation, et la faculté de réfléchir troublée par l’ivresse des voluptés ! Certes, c’est une grande folie aux hommes de faire dépendre le bonheur de tant de millions, du caprice d’un être foible, que ses vices rabaissent presque toujours au-dessous du dernier de ses sujets ! Mais il ne faut pas renverser un pouvoir pour en élever un autre sur ses ruines : car la puissance corrompt infailliblement l'homme, créature foible par essence ; et l’abus qu’il ne manque pas d’en faire, démontre que plus l’égalité est établie dans la société, plus il y règne de vertus, et parconséquent de bonheur. Par quelle fatalité ces principes et d’autres semblables que dicte la raison, font-ils crier ! — L’é-