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mination du rusé, jettoient un voile mystérieux et sacré sur leurs mensonges et sur leurs abominations. Frappée de cette ostentation religieuse, une dame grecque pouvoit s’excuser si elle s’adressoit à l’oracle, lorsqu’elle avoit quelques intérêt à percer l’avenir, ou à prévoir les suites de quelque événement incertain ; et ces consultations, quoique contraires à la raison, pouvoient ne pas être regardées comme une impiété ; — mais ceux qui font profession du christianisme, peuvent-ils éviter cette imputation ? Un chrétien peut-il supposer que les favoris du Très-haut, ceux qu’il a comblés de ses faveurs, seroient obligés de se cacher dans les ténèbres, et mettre en usage les ruses les moins honnêtes, pour attraper à de sottes Femmes un argent — après lequel le pauvre crie envain.

Ne dites poins que de pareilles questions sont une insulte au sens commun ; — car c’est votre conduite, Femmes insensées, qui jette de l’odieux sur votre sexe : et ces réflexions devroient vous faire rougir de votre indifférence et de votre ridicule dévotion ; — car je ne suppose pas que