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enfans auroient dû occuper, elle débitoit en grasseyant un joli jargon, moitié français, moitié anglais, pour plaire aux hommes qui s’empressoient autour d’elle. L’épouse, la mère, la créature humaine disparaissoient devant le caractère factice qu’avoit produit une éducation peu convenable, et la vanité égoïste de la beauté.

Je n’aime point à faire une distinction, sans établir une différence, et j’avoue que j’ai été autant repoussée par la belle dame qui serroit son épagneul contre son sein, au lieu de son enfant, que de la férocité de cet homme qui, battant son cheval, assuroit que l’animal savoit quand il faisoit mal, aussi bien qu’un chrétien.

Ces exemples de sottises montrent quelle est l’erreur de ceux qui, en permettant aux Femmes de sortir de leurs harems, ne cultivent pas leur intelligence, ce qui seroit nécessaire pour déposer le germe des vertus dans leur cœur. À l’aide de ce flambeau, elles acquerroient ce goût pour la vie domestique qui les conduiroit à l’amour de toute leur famille, mais avec la gradation convenable, depuis le mari jusqu’au chien de sa maison, et elles