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soit parfaite, il faut que le physique et le moral s’embellissent à la fois, et se prêtent et reçoivent tour-à-tour une nouvelle force. Il faut que le jugement réside sur le sourcil, que le sentiment et l’imagination étincellent dans les yeux, et que l’humanité arrondisse les joues, sans quoi le feu du plus bel œil, l’ensemble des plus beaux traits, la plus élégante tournure sont sans effet, tandis que la grace et la modestie doivent briller dans les moindres mouvemens où se déployent des membres agiles et de souples articulations. Mais ce bel assemblage ne peut être le produit du hazard ; c’est la récompense des efforts réunis pour que l’un vienne à l’appui de l’autre ; car le jugement ne peut être acquis que par la réflexion, le sentiment que par la pratique des devoirs, et l’humanité que par l’exercice de la compassion envers toutes les créatures animées.

La pitié pour les animaux devroit entrer pour beaucoup dans l’éducation nationale ; car ce n’est pas à présent une de nos vertus[1]. La sensibilité pour ces

  1. Note du traducteur. Cette imputation paroît moins