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C’est le défaut de goût pour la vie domestique, et non l’acquisition des connoissances, qui force les Femmes de quitter l’intérieur de leurs familles, et qui arrache au sein qui devroit le nourrir l’innocente victime qui lui sourit envain. On a laissé les Femmes dans une ignorance et dans une dépendance servile pendant beaucoup trop d’années : aussi n’entendons-nous parler que de leur fureur pour le plaisir et la domination, de leur foible pour les avanturiers et les gens de guerre, de leur attachement puéril à des bijoux, et de la vanité qui leur fait attacher plus de prix aux qualités corporelles, qu’aux vertus.

L’histoire nous fournit un terrible dénombrement des crimes que leurs artifices ont fait commettre, quand ces foibles esclaves ont eu assez d’adresse pour subjuguer leurs maîtres. En France et dans beaucoup d’autres pays, les hommes ont été des despotes capricieux, et les Femmes de rusés ministres : — est-ce là la preuve que l’ignorance et la dépendance les rendent propres aux douceurs de la vie domestique. Leur sottise n’est-elle par le refrein des libertins qui cherchent leur société, et les