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solides de l’amitié sont le respect et la confiance ; — et qu’est-ce que l’estime qui n’a pas de pareils fondemens ?

Le goût des beaux arts demande beaucoup de calme ; le goût des affections vertueuses n’en demande pas moins ; et tous deux supposent ce développement de l’esprit, qui lui ouvre tant de sources de plaisir. Pourquoi court-on après les scènes bruyantes et les cercles nombreux ? parce que l’ame manque d’activité, parce qu’on n’a pas nourri les vertus du cœur. En conséquence, on ne voit, on n’a de sensations qu’au milieu du tumulte, on soupire continuellement après la variété, et l’on trouve insipide tout ce qui est simple.

Cet argument pourroit être poussé plus loin que les philosophes ne le croyent. Car, si la nature a destiné les Femmes en particulier à la pratique des devoirs domestiques, elle les a rendues à un grand dégré susceptibles des affections aimantes. Aujourd’hui les Femmes sont avides de plaisir, et, suivant ma définition, cela doit être parce qu’elles ne peuvent entrer dans les minutieux détails de la vie domestique qui leur en ôtent le goût, faute de juge-